Télémédecine et santé mère-enfant : étude de cas en Éthiopie

 

La santé de la mère et du nouveau-né s’est beaucoup améliorée ces dernières années sur le continent africain. Néanmoins, des progrès restent à faire pour diminuer le taux de mortalité infantile et maternelle, en particulier dans les régions isolées qui constituent souvent des déserts médicaux. C’est pourquoi Lihope s’attache à promouvoir la santé mère-enfant en Afrique à travers la formation des équipes soignantes et le développement de la médecine à distance. Une mallette de télémédecine dédiée au suivi des femmes enceintes a ainsi été déployée avec succès en Éthiopie dans le cadre d’un partenariat entre Hops et World Vision.

 

Santé mère-enfant en Afrique : le point sur la situation

 

Un accès insuffisant aux soins de santé

 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux femmes enceintes huit visites prénatales, dont une consultation au cours du premier trimestre. Ce suivi de grossesse vise à s’assurer du bon état de santé de la mère et du bébé, et à dépister les éventuelles complications.

Or, ces préconisations ne sont pas toujours appliquées dans les pays d’Afrique, notamment dans les régions rurales isolées qui souffrent de désertification médicale. C’est le cas par exemple en Éthiopie, où seules :

 

  • 20 % des femmes enceintes reçoivent des soins prénataux avant le quatrième mois de grossesse ;
  • 32 % d’entre elles bénéficient d’au moins quatre consultations prénatales ;
  • 28 % des naissances s’effectuent avec l’assistance d’une sage-femme ou d’une accoucheuse qualifiée.

 

En cause : une couverture médicale insuffisante, avec seulement 9 agents de santé pour 10 000 habitants en Éthiopie.

 

Un taux de mortalité maternelle élevé

 

Le manque de suivi prénatal a pour conséquence une augmentation des risques de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement :

 

  • diabète gestationnel ;
  • hypertension artérielle ;
  • anémie ;
  • grossesse extra-utérine ;
  • fausse couche ;
  • accouchement prématuré ;
  • hémorragies obstétricales ;
  • infections post-partum.

 

Selon un rapport de l’Unicef, 800 femmes meurent chaque jour dans le monde des suites de leur grossesse. Il s’agit même de la principale cause de mortalité chez les adolescentes entre 15 et 19 ans. La quasi-totalité de ces décès maternels ont lieu dans des pays en développement, dont plus de la moitié en Afrique sub-saharienne. En Éthiopie par exemple, le taux de mortalité maternelle s’élève à 412 décès pour 100 000 naissances vivantes (étude PMA 2020) contre 8,1 en France et 216 en moyenne dans le monde.

 

La prématurité, principale cause de mortalité infantile

 

Selon l’OMS, la naissance prématurée (avant la 37e semaine de grossesse) concerne un bébé sur dix et survient de plus en plus souvent. Les femmes enceintes africaines présentent davantage de facteurs de risque de prématurité, notamment en Éthiopie :

 

  • grossesses précoces : 8 % des adolescentes éthiopiennes sont enceintes, principalement à cause des mariages forcés ;
  • grossesses rapprochées : 5 % des naissances surviennent à moins de deux ans d’écart ;
  • anémie : 17 % des femmes éthiopiennes en âge de procréer sont anémiées ;
  • violences sexuelles : 4 % des femmes enceintes subissent des violences pendant leur grossesse ;
  • pollution de l’air intérieur par les fumées de cuisson au combustible solide.

 

Or la prématurité représente la première cause de décès chez les enfants âgés de moins de cinq ans, devant le paludisme et la diarrhée. Ainsi, un million de bébés prématurés meurent chaque année dans le monde. L’Éthiopie affiche un fort taux de mortalité néonatale avec 29 décès pour 1 000 naissances vivantes, contre 1,7 en France. L’OMS estime que les trois quarts de ces enfants pourraient survivre en favorisant l’accès aux soins avant, pendant et après la naissance.

 

Étude de cas en Éthiopie : apport de la télémédecine pour la prise en charge obstétricale en milieu rural isolé

 

La mission : améliorer le suivi médical des femmes enceintes éthiopiennes

 

En 2019, l’association humanitaire World Vision Ethiopia s’est associée à Hops Healthcare pour concevoir et déployer un kit de santé mobile dédié aux femmes enceintes. Les objectifs :

 

  • fournir des soins maternels de qualité dans les communautés reculées d’Éthiopie ;
  • mieux dépister et gérer les grossesses à risque ;
  • faciliter la collaboration entre les différents services de santé ;
  • collecter des données sur les facteurs de risque de complications ou de prématurité grâce aux technologies de l’information et de la communication (TIC) ;
  • améliorer la prise en charge des nouveau-nés et des nourrissons.

 

Les moyens mis en œuvre : le déploiement de kits mobiles et la formation des professionnels de santé

 

Des sacoches de télémédecine équipées de dispositifs médicaux connectés (Doppler Foetal, tensiomètre, échographe, etc.) ont été distribuées dans des centres de santé de la région Amhara, au nord-ouest de l’Éthiopie. Hops et World Vision ont soutenu la formation des équipes médicales à l’utilisation de la plateforme numérique, à l’interprétation et à la gestion des données patients ainsi qu’à la prise de décision. En pratique :

 

  • les agents de santé réalisent l’examen des patientes grâce au kit mobile, conformément aux recommandations de l’OMS sur les soins prénataux ;
  • les obstétriciens de l’hôpital de référence procèdent à l’identification des grossesses à risque et à des consultations à distance le cas échéant ;
  • la transmission des données aux autorités sanitaires aide le ministère de la Santé éthiopien à planifier une politique ciblée.

 

Les résultats : des soins de qualité pour réduire la mortalité maternelle

 

Le partenariat entre Hops et World Vision en Éthiopie a permis de réaliser 905 examens prénataux sur un an. Près de la moitié d’entre eux ont révélé la présence de facteurs de risque de complications, principalement liés au mode de vie des femmes enceintes. Plus d’une centaine de grossesses à haut risque ont pu être détectées et suivies. Les résultats obtenus confirment les avantages de la solution de télémédecine déployée :

 

  • accès au dépistage prénatal dans les zones reculées ;
  • réduction des disparités entre ville et campagne en matière de santé mère-enfant en Afrique ;
  • limitation des déplacements dangereux et coûteux grâce aux téléconsultations avec des spécialistes (gynécologues, obstétriciens) ;
  • amélioration de la santé des femmes et des enfants en milieu rural.

 

Les solutions Lihope pour améliorer la santé maternelle et infantile en Afrique

 

Mallette de télémédecine spéciale mère-enfant

 

Lihope travaille en collaboration avec Hops pour améliorer la santé mère-enfant en Afrique grâce à un kit de télémédecine mobile spécialisé. Celui-ci se compose des éléments suivants :

 

  • mallette de base : tablette numérique avec haut-parleurs et micro, thermomètre sans contact, oxymètre de pouls, tensiomètre à bras, balance intelligente, plateforme connectée ;
  • dispositifs spécifiques : Doppler fœtal, otoscope, roue et ruban de grossesse, échographe avec plusieurs sondes, pèse-bébé, analyseur d’hémoglobine.

 

Ce kit de santé mobile permet de mettre en œuvre un suivi pré- et post-natal de qualité dans les régions isolées. Et ainsi de réduire les déserts médicaux en Afrique, conséquences d’un système de santé concentré dans les grandes métropoles.

 

Formations en obstétrique et pédiatrie

 

Les équipes Lihope proposent également des formations en obstétrique et en pédiatrie pour renforcer les capacités des équipes médicales :

 

Ces formations sont dispensées par des professionnels de santé spécialisés (médecins, pédiatres, obstétriciens, sage-femmes). Basées essentiellement sur la pratique, elles confrontent les participants à des mises en situation réalistes à travers du matériel de simulation médicale.